La paludisme (ou Malaria) est une maladie transmise par les moustiques. Bien que très rare en France, la prévention est indispensable lors d’un voyage dans une zone à risque. Pour éviter les effets secondaires des médicaments préventif très controversés, découvrez les alternatives naturelles à ce traitement.
Qu’est-ce que le Paludisme ?
Palu signifie marais et malaria mauvais air. Le paludisme ou malaria est une infection causée par les moustiques femelles dans les zones humides en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud-Est, en Amérique et en Méditerranée orientale.
L’espèce de moustiques vecteur de paludisme est appelée Anopheles et même si notre région est trop froide pour cet insecte, des cas de paludisme ont été répertoriés en Europe et en France jusqu’au début du XXème siècle. Louis XIV aurait été atteint par la maladie qui a été éradiquée vers 1920, avec l’assèchement des marais de Camargue, du golfe du Morbihan et de la Corse.
En 2016, on comptait 91 pays touchés par le paludisme et 91% des cas recensés dans les pays africains. Chaque année la plupart des victimes sont des enfants. Le traitement fonctionne dans la majorité des cas, lorsque la population y a accès.
On ne l’attrape pas systématiquement suite à une piqure, il faut que le moustique soit porteur du parasite.
Il existe 5 types de parasites dont 2 sont dangereux pour l’homme :
- Le plasmodium vivax, entrainant des symptômes de fièvre, des tremblements puis survient la guérison.
- Le plasmodium falciparum provoque des troubles neurologiques, et la mort survient si la prise en charge ne s’est pas faite rapidement.
Les symptômes du paludisme apparaissent après 7 jours voire 10 à 15 jours après la piqure, avec des épisodes fébriles aigus, des maux de tête, des vomissements, des frissons, une détresse respiratoire. Il est urgent dans ce cas de voir un médecin dans les 24 heures, le plasmodium falciparum pouvant causer une infection grave voire mortelle.
Un antipaludique est administré pour la guérison et ainsi éviter une aggravation des symptômes.
Il existe des traitements préventifs à base de chimioprophylaxie dont les médicaments portent le nom de Nivaquine, Paludrine, Savarine et Malarone ou Lariam… ceux-ci ne vont pas pour autant éviter de contracter la maladie.
Le parasite (de la famille des Plasmodium) est de plus en plus résistant aux traitements. Au cours de la conférence panafricaine sur le paludisme à Durban, des chercheurs ont expliqué qu’en Afrique les moustiques résistaient de plus en plus aux pyréthrinoïdes contenus dans les insecticides.
Les effets secondaires du médicament et son coût
Les traitements médicamenteux en prévention ne garantissent pas une protection contre le paludisme à 100%. Il est important de connaitre les effets secondaires. Il arrive que certaines personnes soient malades sur toute la durée du séjour à cause du vaccin.
En outre, la molécule de chimioprophylaxie présente dans les médicaments peut causer des effets indésirables comme une douleur intestinale. Les médecins admettent eux-mêmes que ces médicaments à base de quinine peuvent déclencher des effets secondaires lourds. Le Lariam par exemple peut provoquer un état dépressif principalement chez la femme.
Fin 2017, le chanteur Stromae racontait son calvaire après avoir pris le médicament Lariam en 2015. En effet, pour une tournée en Afrique, celui-ci avait pris ce traitement mais ne l’avait pas supporté, il avait dû être rapatrié en urgence en Europe.
Il raconte dans le journal Libération qu’il a fait une décompensation psychique, avec une rechute 2 ans plus tard pour laquelle il a dû être hospitalisé. Il déclare que les effets secondaires lui font « perdre la boule complètement ».
Il explique concrètement « ça tourne beaucoup dans la tête, et on a de grosses crises d’angoisse« .
Cet antipaludique prescrit depuis plus de 30 ans en France fait polémique. Une association tente de le faire interdire : l’Association d’aide aux victimes des accidents de médicaments. Le président de celle-ci a ainsi réunit des avocats et des victimes pour cette action.
L’Institut Pasteur a lui décrit ses effets secondaires :
« L’apparition sous traitement de troubles neuropsychiques tels qu’une anxiété aiguë, un syndrome dépressif, une agitation, une confusion mentale, des tendances suicidaires ou même des troubles mineurs tels qu’une tristesse inexpliquée, des céphalées, des vertiges ou des troubles du sommeil, doit conduire à l’interruption immédiate de cette prophylaxie ».
Catherine Goujon, médecin du centre médical de l’Institut Pasteur, a déclaré lors d’une interview pour le Le Huffington Post :
« Avant de prescrire, un traitement préventif contre le paludisme, le médecin s’entretient avec son patient. Le choix du médicament dépend du pays visité, de la durée du séjour et des caractéristiques individuelles de chaque voyageur comme le poids, les allergies connues ». (source)
Notamment la molécule du Lariam® 250, traitement utilisé par Stromae, la méfloquine, est connue pour ses effets secondaires lourds et on le prescrit 10 jours avant le départ pour s’assurer que le patient le tolère bien. Toujours d’après le médecin Catherine Goujon, un patient ayant vécu des antécédents de troubles psychiatriques ne devrait pas prendre ce traitement. Une bonne tolérance une première fois ne garantit pas qu’il n’y ait pas d’effets secondaires à la prochaine prise.
Ce traitement reste très efficace dans de nombreux cas et a permis de sauver des vies. Comme l’explique Peter Olumese spécialiste du paludisme de l’OMS dans le Courrier International :
“L’effet de la méfloquine sur le cerveau est avéré. Nous regrettons de ne pas disposer d’un médicament plus sûr et mieux toléré, mais le Lariam reste un traitement prophylactique de choix.” (Source)
Le coût du traitement varie entre 40 euros et 100€. Tout dépend de la prise nécessaire, et de la durée du séjour.
Le danger des insecticides
Ceux que l’on trouve sur le marché à l’heure actuelle sont de plus en plus agressifs et donc dangereux pour la santé. Ils contiennent du DEET (N-N-Diethyl-3-methylbenzamide), une molécule attaquant le système nerveux des insectes ce qui n’est pas rassurant pour notre système nerveux. D’autant plus qu’il a été prouvé qu’il avait un effet sur celui de certains mammifères.
Les adeptes des bombes aérosols et des diffuseurs électriques doivent prendre des précautions avec ces substances chimiques polluant notre environnement et présentant un danger pour les enfants à proximité.
Il existe en effet des risques d’allergie, mais aussi des possibles dommages cérébraux, des problèmes locomoteurs, des risques cancérogènes d’après l’Agence Américaine de Protection de l’Environnement (EPA).
Après une étude sur ces substances, l’université de Providence aux Etats-Unis appelle à la vigilance pour éviter les atteintes oculaires :
« Attention aux atteintes oculaires liées aux aérosols sous pression, et garder hors de portée des enfants ces bombes de peinture, d’insecticides, de produits ménagers, de mousse, de laque… ». La moitié des patients reçus aux urgences sont des jeunes de moins de 18 ans et 26% d’entre eux ont moins de 4 ans.
Généralement les médecins posent le diagnostic de conjonctivite ou de brûlure chimique.
Les alternatives naturelles
La prévention
Certaines précautions sont à appliquer si vous souhaitez éviter tout risque d’infection et avant tout de vous faire piquer par un moustique.
Lorsque vous voyagez dans des pays à risque, il ne faut pas boire l’eau du robinet ni consommer des légumes crus ou des fruits épluchés. Achetez de l’eau en bouteille, utilisez une moustiquaire et surtout protégez-vous le soir en couvrant vos bras et vos jambes. Vous pouvez utiliser du baume du tigre qui est un très bon répulsif et bon marché (ne pas appliquer sur le visage).
Les traitements naturels préventifs
L’extrait de pépin de pamplemousse et/ou de propolis
Il va stimuler votre système immunitaire et ainsi renforcer votre corps contre les attaques du parasite.
Les huiles essentielles
Elles sont radicales. Il a été prouvée qu’elles agissent contre la turista, le paludisme, la dengue, la fièvre jaune, le chikungunya. Elles permettent d’éviter les problèmes intestinaux et de se protéger des virus et bactéries.
Il faut toutefois savoir les utiliser de manière à ne pas s’intoxiquer et surtout ne pas appliquer des huiles photosensibles pouvant causer une brulure, et des taches irréversibles avec les rayons du soleil (huiles essentielles d’agrumes).
En pharmacie vous pouvez demander la préparation suivante :
- 2ml d’huile essentielle d’eucalyptus polybractea cryptonifera (eucalyptus à cryptone),
- 1 ml d’huile essentielle de cymbopogon
- 1 ml d’huile essentielle de syzygium aromaticum (giroflier)
- 10 ml de Transcutol.
En prévention : 2 gouttes 2 fois par jour sur le thorax, le dos et les zones où les moustiques vous piquent en général.
En traitement : vous multiplierez les doses par 3, donc 6 applications de 2 gouttes par jour.
Tropic Aroma
C’est une formule élaborée par l’aromathérapeute, Luc Grossin : en spray et capsules. Elle contient 4 huiles essentielles : l’ajowan (protection anti-bactérienne et parasitaire), le saro (les Malgaches l’appellent « l’huile qui fait fuir le mal », elle est immunostimulante), le gingembre (antiseptique et tonique), le curcuma (pour éliminer les toxines).
La dose conseillée est de 4 capsules par jour, elles doivent être prises en amont des repas le jour même du départ et durant toute la durée du voyage. Vous allez continuer pendant 10 jours après votre retour.
Vous trouverez également un spray répulsif à base d’eucalyptus citronné et d’huile essentielle de citronnelle de Ceylan ,de palmarosa, de géranium bourbon, de tea tree, de davana ainsi que de cabreuva.
Vous avez aussi l’option bracelets, de Para’kito, diffusant un mélange de 7 huiles essentielles en prévention des piqûres.
L’homéopathie pourra être utilisée en prévention pendant le séjour :
CHININUM ARSENICOSUM 4 ou 5CH : 3 granules le soir pendant le séjour en prévention de la diarrhée du paludisme.
PODOPHYLLUM 4 ou 5CH : 3 granules au réveil durant tout le séjour en traitement préventif contre la diarrhée.
CUPRUM METALLICUM 5CH : 3 granules au réveil durant tout le séjour en traitement préventif contre une diarrhée très liquide.
L’argile verte
Elle va calmer les douleurs intestinales. 3 à 4 cuillères à soupe de poudre d’argile verte mélangées dans un verre d’eau, laissez reposer le mélange pendant 5 minutes puis buvez le. Les germes seront éliminés par voies naturelles.
Le chlorure de magnésium
Il va vous apporter un soin non négligeable en cas d’infection. Restez proche des toilettes car vous allez éliminer rapidement.
La plante Artemisia Annua
Elle est utilisée en médecine traditionnelle chinoise depuis plus de 2 000 ans. On l’utilise sous forme de tisane ou en poudre, car ses feuilles et ses tiges ont la capacité de combattre la fièvre, de repousser les moustiques et, d’après l’Institut de recherche et de développement (IRD), elle peut prévenir le paludisme et même permettre la guérison.
En 2015, Youyou Tu a obtenu le 1er prix Nobel en médecine chinoise pour avoir démontré le pouvoir de l’artémisinine, extrait de cette plante, sur le traitement antipaludéen.
Ces dernières années, des initiatives ont été mises en place pour la culture et la commercialisation de cette plante miraculeuse en Afrique. Notamment près de Dakar au Sénégal, un ingénieur agronome Belge Pierre Van Damme a lancé la « Maison de l’Artemisia », où des femmes travaillent sur la production d’une poudre verte avec le broyage des feuilles et des tiges puis la mise en sachets à prendre en infusion ou en gélules.
Cet ingénieur vante les mérites de cette plante en traitement préventif mais aussi pour la guérison du paludisme, qui serait possible en 7 jours seulement.
Mais le sujet reste controversé car l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ne recommande pas l’artémisinine seule et sous sa forme naturelle mais une version de la molécule de synthèse avec une molécule de médicaments comme l’amodiaquine ou le méfloquin.
Pour plus de remèdes, rendez-vous sur notre article sur les anti-moustiques naturels et écologiques !
Le nouveau traitement
Dans le cadre de la lutte contre les formes résistantes du Plasmodium falciparum, des chercheurs de l’Institut de Médecine Tropicale de Tübingen en Allemagne ont récemment testé 2 médicaments : la fosmidomycine et la pipéraquine sur des cas de paludisme durant 3 jours (83 personnes de 1 an à 30 ans). Ils ont pu obtenir un taux de guérison de 100%.
Ceux-ci ont étudié les effets de la fosmidomycine, extraite de la bactérie provenant des sols, la Streptomyces lavendulae que l’on utilise à l’heure actuelle de manière synthétique et réputée pour être efficace contre des maladies, et largement utilisée pour la fabrication d’antibiotiques. Il a été démontré dans cette étude que le pathogène du paludisme est bloqué dans sa métabolisation et sa reproduction.
Fin 2017, des chercheurs avaient identifié au préalable 2 enzymes, les protéases aspartiques indispensables pour que le parasite puisse entrer et ressortir de la cellule hôte, ainsi qu’une molécule capable de les inhiber, selon les résultats d’une étude publiée dans la revue médicale Science.
Du 15 au 20 avril 2018 a lieu la 7e édition de la conférence près de Dakar pour l’Initiative multilatérale sur le paludisme (MIM), 3 000 spécialistes venus de tous les continents sont réunis pour tenter de contrôler cette maladie qui fait plus de 400 000 morts par an dans le monde. Cette conférence existe depuis 1997 pour donner un soutien aux pays d’Afrique victimes du paludisme dans la recherche pour lutter contre le paludisme.
Des chercheurs présentent leurs études, leurs découvertes et travaillent en collaboration. Des jeunes scientifiques africains ont l’occasion de rencontrer ces spécialistes internationaux au cours de cet événement.
Nous attendons donc pour très bientôt les conclusions de cette conférence !
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